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Le chagrin lié à la perte d’un être cher est énorme. Pour de nombreuses personnes, il s’agit d’un processus difficile qui commence par le déni de la perte. Pourtant, après un certain temps, il est important de laisser une place au chagrin.

Bien que l’on sache pertinemment que la perte a eu lieu, toutes nos pensées, tous nos sentiments et toutes nos actions sont axés sur la réunification, comme s’il n’y avait jamais eu de perte. Cela peut se manifester de différentes manières, comme le fait de mettre la table comme avant, de préparer à manger pour le défunt… C’est comme si le défunt pouvait revenir à tout moment et se mettre à table. Avec des réactions de déni, nous nous donnons le temps de laisser lentement pénétrer la vérité. Si le déni est un phénomène normal, la fuite de la réalité est absolument exclue. Aussi douloureux que cela puisse être, vous finirez par être confronté aux faits. Dans cette situation, il peut être utile de trouver des personnes à qui vous pouvez parler du défunt. 

Hallucinations et délires 

Les délires et les hallucinations sont fortement liés au déni. On se conforte dans l’idée que le défunt va finir par réapparaître. Certaines personnes pensent même voir le défunt à certains endroits où il se rendait régulièrement. Il arrive parfois que les membres de la famille entendent le défunt dans certains sons ou sentent son odeur dans des endroits où il ou elle avait l’habitude de se trouver. Voir, entendre ou sentir un être cher décédé est fréquent chez de nombreuses personnes endeuillées et peut être effrayant. Elles ont parfois l’impression de devenir folles parce qu’elles risquent de perdre le contrôle d’elles-mêmes. 

Cependant, il est tout à fait normal que nous nous sentions encore étroitement liés au défunt après sa mort. La plupart des expériences hallucinatoires disparaissent relativement rapidement en termes de durée et de fréquence. Pas à pas, nous devons essayer de nous « sevrer » et de libérer le défunt, bien sûr sans l’oublier. 

Comportement de recherche

Rechercher le défunt se situe dans la sphère du déni et s’appuie parfois sur des hallucinations ou des illusions. Ne pas pouvoir croire et accepter que l’on a perdu une personne aimée se traduit ici par la recherche du défunt au sens littéral du terme. Même si elles ne recherchent pas activement le défunt, il arrive régulièrement que les personnes endeuillées pensent voir le défunt en une autre personne. C’est émouvant de voir quelqu’un dans la rue avec exactement le même sourire ou les mêmes cheveux que votre disparu. Parfois, elles sont même convaincues d’avoir retrouvé le défunt. Être confronté à une telle personne peut donc parfois être douloureux. 

Le comportement de recherche n’est pas forcément toujours aussi littéral, mais il peut parfois se manifester lorsque l’on convoque l’esprit du défunt. Là encore, cela revient à vouloir rester en relation avec le défunt. 

L’étape suivante consiste à progressivement libérer le défunt, sans pour autant oublier les tendres souvenirs. Au début, il est parfois difficile de ne pas revenir sur le passé et sur comment c’était avant. Au fil du temps, nous devons toutefois essayer de nous ouvrir progressivement à de nouvelles choses, afin que ce qui existait avant et ce qui existe maintenant puissent se fondre l’un dans l’autre sans douleur. 

S’accrocher au défunt

Les membres de la famille et les amis peuvent rester accrochés au défunt de différentes manières et sous différentes formes. S’accrocher à toutes sortes de souvenirs et de choses matérielles peut parfois être assez intense. Dans certains cas, la personne endeuillée conserve précieusement les vêtements du défunt à leur place habituelle. Le manteau reste au porte-manteau du hall d’entrée, le matériel de loisir reste intact… L’inverse peut également se produire. Tous les souvenirs seront alors effacés aussi vite que possible. 

Que des personnes endeuillées veuillent s’attacher au défunt au moyen d’images et d’objets ne devrait pas surprendre, c’est pour ainsi dire la seule chose tangible qui leur reste. Il peut donc être sage de ne pas prendre de décisions hâtives après le décès et de ne pas jeter toutes sortes d’objets ou de souvenirs du défunt. Fuir un environnement et se dépêcher de déménager n’apporte aucune solution non plus. Au fil du temps, il est important de faire à nouveau place à l’avenir sans pour autant porter atteinte à ce qui a été. 

Visite sur la tombe

Un des liens presque tangibles avec le défunt peut être la visite sur la tombe. Certaines personnes sont attirées par cette idée, tandis que pour d’autres, le cimetière n’a aucune signification. Outre l’enterrement, la crémation avec dispersion des cendres est également possible. C’est une autre façon, tout aussi valable, de se dire adieu.

La visite au cimetière peut être douloureuse et peut même au début faire surgir des sentiments et des questions irréalistes. « Lors de la première grosse pluie, j’ai pensé avec panique que le cercueil pourrait être plein d’eau » ou « Est-ce que le défunt n’a pas froid ? ». Parfois, les personnes endeuillées craignent également que la visite ne perpétue leur chagrin. 

Il est important de trouver son propre rythme et sa propre fréquence pour se rendre sur la tombe du défunt. Demandez-vous si cette visite a un effet libérateur ou absolument pas. Ne vous sentez pas coupable si vous ne ressentez pas le besoin de retourner sur la tombe. Chacun décide lui-même de la façon dont il gère ses souvenirs. Ainsi, une photo dans la maison peut remplir la même fonction de réconfort.

Se tourner vers l’avenir

Au début, on est pour ainsi dire accablé par le chagrin et rien d’autre ne semble avoir d’importance. Le processus de deuil est similaire à la guérison d’une blessure profonde. La plaie se referme doucement, mais des mouvements inattendus ou des coups sur la plaie la rouvriront. Pourtant, la guérison suivra son cours et il ne restera finalement qu’une cicatrice, qui sera un témoignage durable de la perte subie. 

Un premier tournant dans le processus de deuil se situe généralement entre la première et la deuxième année. On a tout vécu pour la première fois sans l’être aimé : son anniversaire, Noël, les vacances, l’anniversaire de la date de décès et tant d’autres jours qui, au lieu de la joie, provoquent de la douleur. Commence alors dans le processus de deuil une période où l’on est à nouveau capable de faire face à la vie. La libération émotionnelle par rapport à l’être aimé et l’achèvement de la relation émotionnelle n’ont cependant rien à voir avec l’oubli, au contraire, cela a tout à voir avec la diminution de la douleur intense pour que la personne endeuillée puisse se rattacher aux souvenirs les plus beaux, les plus riches et les plus précieux. 

Reprendre le cours de sa vie exige des efforts et du temps. La personne endeuillée doit, pour ainsi dire, réorienter vers l’avenir l’énergie qu’elle a jusqu’à présent consacrée à la perte. Cela signifie que vous pouvez à nouveau vous concentrer sur les choses de la vie quotidienne, c’est-à-dire aussi sur les choses agréables et amusantes. Mais cela n’est pas aussi évident qu’il y paraît. 

Le retour à la vie quotidienne, à l’interaction sociale et à la construction de nouveaux centres d’intérêt est une nécessité, même si les premiers pas sont difficiles et augmenteront parfois le chagrin. Une lente reconstruction de la vie, qui aura pour toujours « un avant et un après », se permettre d’éprouver à nouveau de la joie est une mission, mais aussi une obligation. Rien n’est prévisible et, en fin de compte, peu importe le temps qu’il faut pour traverser un processus de deuil. Le rythme de chaque individu est différent. L’important est de parcourir l’ensemble du processus de deuil. 

Le partenaire

Lors de la perte d’un enfant, le mari et la femme peuvent trouver l’un chez l’autre la force pour traverser cette épreuve. On dit qu’un « deuil partagé est un demi-deuil », mais vu les différentes manières possibles de réagir, ce n’est pas toujours le cas. Les partenaires peuvent même se gêner mutuellement à certains moments. L’expérience du chagrin n’est généralement pas très différente pour les hommes et les femmes, mais il existe quand même des différences évidentes dans la manière dont les hommes et les femmes expriment cette expérience dans notre société. 

Les hommes, par exemple, ont parfois tendance à réprimer leurs émotions. Ils n’osent pas ou ne parviennent pas à pleurer devant les autres, ils s’évadent dans leur travail ou évitent d’être à la maison pour ne pas avoir à en parler. En général, les femmes osent plus facilement exprimer leurs émotions et aiment parler aux autres du défunt. 

En cas de perte, les hommes et les femmes éprouvent les mêmes sentiments de douleur, de chagrin et de désespoir. Mais lorsque l’un des deux n’exprime pas ces sentiments, il y a de fortes chances pour que tous deux se retrouvent dans une sorte d’isolement au sein de leur relation. Il est important de créer une ouverture dans une relation pour exprimer des sentiments. Sinon, cela peut être ressenti comme si l’un des partenaires cachait son chagrin à l’autre, ce qui peut conduire à des malentendus et à l’isolement. 

Pour réellement se soutenir mutuellement, il faut impérativement faire preuve d’ouverture. Une invitation permanente à se faire part mutuellement de ce que l’on ressent à l’intérieur constitue le meilleur soutien possible et conduit à une gestion commune de la perte. Il n’est pas toujours possible ou nécessaire de rechercher ou trouver de l’aide uniquement auprès du partenaire. D’autres personnes peuvent également apporter leur soutien, sans que cela nuise à la relation. Le contact avec des tiers peut même être enrichissant et vous rapprocher à nouveau en tant que partenaires. 

Points d’attention pour l’entourage

Souvent, l’entourage se sent impuissant face à une personne qui a perdu un être cher. Que peut-on faire face à tant de chagrin ? 

Rendez régulièrement visite à la personne endeuillée ou invitez-la. Ne vous limitez pas à une phrase sans engagement du genre « tu n’as qu’à appeler quand tu en ressens le besoin », mais prenez vous-même l’initiative. Voyez si vous ne pouvez rien faire de matériel pour la personne concernée, comme lui préparer un repas chaud pendant les premiers jours. Lorsque l’on rend visite à la personne endeuillée, écouter est ce qu’il y a de plus important !

Cela peut être blessant de dire « tu as encore d’autres membres dans ta famille, pense donc à eux », « tu as quand même encore ton frère ou ta sœur ». L’être cher que l’on a perdu est irremplaçable, il ne s’agit que de lui. Les autres peuvent être une consolation, mais pas un remplacement. Si vous ne pouvez pas vous rendre vous-même auprès des personnes endeuillées, une lettre personnelle, sans formulations creuses, est une belle consolation. Prêter attention aux bons souvenirs personnels que la personne endeuillée a du défunt est recommandé. 

Permettez à la personne endeuillée d’exprimer ses émotions. Les réactions émotionnelles sont trop rapidement réprimées par des phrases comme « relève la tête, sois courageux ». Une blessure recouverte trop tôt ne peut pas guérir complètement. Laissez à la personne endeuillée le plus d’occasions possible de parler du défunt. C’est en revenant en permanence sur des souvenirs que l’on peut faire son deuil. 

Gardez toujours à l’esprit que le processus de deuil comporte différentes phases et composantes. Nous les avons décrits en détail ci-dessus. La colère, la fureur, les reproches envers l’entourage doivent donc être abordés sous le bon éclairage. 

Le deuil est un long processus. Quand la vie reprend son cours normal, ce n’est pas toujours le cas pour la personne endeuillée. Même des mois plus tard, après le décès, la personne endeuillée passe par des moments difficiles. Tenez compte du fait que les jours fériés et les jours de commémoration spécifiques peuvent être des jours tristes pour les personnes endeuillées. 

Littérature consultée

*          « Omgaan met verlies en rouw » – Herkenningspunten en steunpunten voor wie het meemaakt en voor zijn omgeving, Zelfhulpgroep vzw ‘Ouders Van een Overleden Kind’. 

*          Bijleveld H., Dekker M. en Schouten H., « Enkele aspecten van rouw », Verpleegkundige studies, De Tijdstroom, 1980. 

*          Davies B., « Manifestations of levels of functioning in grieving families », Journal of Family Issues, 1986. 

*          DeFrain J., « Stillborn, the invisible death », Lexington Books, Massachusetts, 1986. 

*          Goethals A., « Perinatale rouw : een gestructureerde benadering », Tijdschrift voor Geneeskunde, 1987. 

*          Keirse M., « Psychosociale aspecten van rouwbeleving en rouwverwerking », Tijdschrift voor Geneeskunde, 1984. 

*          Polspoel A., « Beleving en verwerking van verdriet, toegespitst op Stichting crisisgroep weduwnaars », Den Haag, 1981. 

*          Sabbe B. en Nijs P., « Rouw na doodgeboorte, opvang en begeleiding », Tijdschrift voor Geneeskunde, 1986.

*          Thomas L.V., « Le deuil : sens, évolution », Bulletin de la Société de Thanatologie, 1986. 

*          Van Den Berg M., « Afscheid serieus nemen. Over verliezen-verwerken », Serie pastorale handreiking J.V. Voorhoeve, Den Haag, 1986. 

*          Van Uden M., « Religie in de crisis van de rouw », Dekker en van de Vegt, Nijmegen, 1985. 

*          Wilbrink J., « Je verliest iemand die je liefhebt », Landelijke zelfhulpgroeporganisatie, Rosmalen, 1982. 

*          Goethals A. – Perinatale rouw : een gestructureerde benadering Tijdschrift voor geneeskunde 1987 

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*          Polspoel A. – Beleving en verwerking van verdriet, toegespitst op Stichting « crisisgroep weduwnaars » Den Haag 1981 

*          Sabbe B – Nijs P. – Rouw na doodgeboorte, opvang en begeleiding Tijdschrift voor geneeskunde 1986 

*          Thomas L.V. – Le devil : sens evolution Bulletin de la société de thanatologie 1986 

*          Van Den Berg M – Afscheid serieus nemen – Over verliezenverwerken Serie pastorale handreiking J.V. Voorhoeve Den Haag 1986 

*          Van Uden M. – Religie in de crisis van de rouw Dekker-Van de Vegt Nijmegen 1985 

*          Wilbrink J. – Je verliest iemand die je liefhebt Landelijke zelfhulpgroeporganisatie Rosmalen 1982